Le terrarium
Aahh le
petit monde fabuleux des boîtes pleines de bêtes !!!
I Le terrarium :
J'ai pris le parti de tenter la méthode
"écosystème".
La plupart des ouvrages, des professionnels et des amateurs
expérimentés la rejettent fortement. La méthode la plus simple
et la plus sûre, la plus "efficace", donc, est la
méthode "sopalain" : un terrarium, du sopalain, un
décor artficiel et la nourriture. Je vous la conseille
fortement.
Mais mes terrariums sont dans le salon, et
cette méthode n'est pas très décorative, à moins de faire de
gros efforts d'aménagement...
Le terrarium est fonction de l'insecte
envisagé : pour des phasmes, la hauteur doit être au moins 2,5
à 3 fois supérieure la longueur de l'insecte adulte, à cause
des mues, où l'insecte encore mou se suspend à son exuvie. Pour
des iules, 20 cm suffisent (dont 15cm de terreau).
Il existe 3 types de terrariums, avec leurs
avantages et inconvénients :
- le terrarium "maison" :
fabriqué en bois, moustiquaire, verre et/ou plexiglas.
Avantages : La taille est choisie sur mesure, de
même que la ventilation, le chauffage, etc.
Inconvénients: Il faut être doué et
patient...
- le terrarium en plastique (type bac
"Géo") :
Avantages : son prix est compétitif, il
bénéficie d'une très bonne aération (surtout quand on
le met debout, sur la tranche). Il n'y a pas de
condensation.
Inconvénients : il sèche très vite. Sa taille
est limitée (pas plus de 50cm x 40cm x 40 cm).
- le terrarium en verre : on en trouve de
tous les styles et de toutes les formes. Il faut
vérifier qu'il dispose d'une bonne ventilation
(aérations en bas et en haut).
Avantages : Bonne visibilité, livré
"clés en main". Le "must".
Inconvénients : Il n'y a pas plus cher (surtout
fait sur mesure par un "artiste"), la buée se
forme très facilement sur les parois (sauf si
l'hygrométrie est inférieure à 70%, ce qui est génant,
ou si l'on rajoute une ventilation)
Une fois que l'on parvient à obtenir le climat
et la taille désirés, peu importe le contenant. On peut même
remplacer le terrarium par un filet ou une cage (mantes,
papillons, certains caméléons)
En général, j'utilise de la tourbe
désinfectée à la vapeur, sauf lorsque je veux y installer une
colonie de cétoines. Le substrat doit retenir l'humidité,
permettre d'enterrer les oeufs, éventuellement abriter les
insectes eux-mêmes.
L'avantage de la tourbe est, en dehors de son très fort pouvoir
d'absorption, que son acidité limite le développement des
acariens parasites.
Parmi les substrats "inertes", il y a
le copeau de hêtre, le copeau de chanvre, le sable, le gravier,
etc. Chacun a ses avantages et inconvénients. L'inconvénient
principal est que les proies s'y enterrent et qu'il faut le
changer régulièrement.
Pour votre plaisir personnel, vous pouvez
installer divers objets décoratifs, du nain de jardin au crâne
en résine, mais franchement, les insectes y sont peu sensibles.
Par contre, les branches sont fondamentales,
car elles servent de support pour la promenade (cétoines et
chenilles), pour la mue (phasmes), ou pour la chasse (mantes).
Le morceau d'écorce ou l'ardoise serviront d'abri, pendant la
journée pour certains phasmes (Heteropterigynae),
pendant la nuit pour les cétoines.
- La coupelle d'eau sera appréciée par
certains phasmes et orthoptères, mais beaucoup vont s'y
noyer. c'est pourquoi il vaut mieux utiliser un morceau
d'éponge détrempé dans une coupelle, lavé
régulièrement. Il remportera l'adhésion de tous. Il
peut être remplacé par un quartier d'orange pour les
orthoptères et les blattes.
- Le pondoir n'est sensé servir que lorsque
vous n'utilisez pas de terreau, mais bon, il peut
d'avérer utile dans certains cas.
- La gamelle ne concerne guère que certains
papillons et les cétoines. Elle sera de préférence
suspendue dans les branches.
- Les branches qui servent de nourriture
peuvent être mises dans un pot de confiture plein d'eau
dont on a percé le couvercle (pour que les insectes
n'aillent pas se noyer).
II Les facteurs de l'environnement :
L'environnement comprend 2 groupes de facteurs
: les facteurs abiotiques ("sans vie"), et les facteurs
biotiques ("vivants"). Le premier groupe correspond aux
conditions de vie, et le second à l'écosystème.
Dans la mesure du possible, l'objectif est de
recréer les conditions naturelles dans un environnement
artificiel. Evidemment, ces conditions dépendent du milieu
d'origine de l'espèce considérée. Globalement, le climat
constitué par la température, la pluviométrie, l'humidité
relative de l'air, l'aération, la lumière. Chacun d'eux peut
varier en fonction des saisons, et surtout entre la nuit et le
jour.
- Climat tempéré :
Exemple : Actias luna, originaire du Canada. Ce
papillon pond ses oeufs en avril. Les chenilles
grossissent pendant l'été. La chrysalide est en repos
pendant tout l'hiver, où la température est inférieure
à 0°C. Les adultes sont nocturnes.
Méthode d'élevage : Les adultes , les oeufs et les
chenilles sont élevés dans une moustiquaire. Les
cocons, qui contiennent la chrysalide, sont conservés
dans le bac à légumes du réfrigérateur pendant
l'hiver (plus facile à surveiller), car les chenilles ne
consomment que des arbres caducs.
- Climat subtropical :
Exemple : Empusa pennata, originaire du Bassin
Méditerranéen. Cette mante supporte les basses
températures sans grosse difficulté. La température
oscille entre 0°C l'hiver et 35°C l'été. Il faut
connaitre le cycle naturel de la bestiole, car elle peut
mourir ou entrer en hibernation en dessous de 10 ou
15°C.
Méthode d'élevage : Cette mante est conservée dans un
terrarium très aéré et non chauffé, dès lors que la
température de la pièce oscille entre 18 et 25°C. Par
contre, le terrarium est placé près d'une fenêtre,
pour que les insectes aient suffisament de lumière, mais
pas en plein soleil.
- Climat tropical de montagne :
Exemple : Oreophoetes peruana,
originaire des contreforts des Andes. Ce phasme, plutôt
diurne, se nourrit des fougères qui poussent en
abondance dans son milieu d'origine. La température est
assez stable, entre 17 et 23°C.
Méthode d'élevage : Ce phasme est conservé dans un
aquarium couvert d'un tissu fin (plus fin qu'une
moustiquaire), non chauffé, dans un coin relativement
sombre de la pièce. Il est important de pulvériser de
l'eau régulièrement.
- Climat tropical humide :
Exemple : Haaniella echinata,
originaire du Sabah, sur l'île de Bornéo. Ce phasme
enterre ses oeufs toute l'année, car il vit juste sous
l'équateur et ne connaît donc pas de saison. La
température oscille entre 22 et 32°C, avec 80%
d'humidité. Cette espèce est nocturne.
Méthode d'élevage : Cette espèce est conservée dans
un terrarium arrosé très fréquemment, pour
l'humidité, et chauffé par une nappe chauffante, sous
le terrarium, pour conserver une température de
22-27°C. Une bonne épaisseur de tourbe est nécessaire,
à la fois pour les oeufs et pour la stabilité de la
température et de l'humidité.
Le choix des espèces dépend de leurs
exigences, mais aussi de vos choix. Il faut d'abord savoir qu'il
est préférable de conserver une seule espèce par terrarium.
Dans certains cas, les espèces ont des
exigences trop particulières pour être mélangées. C'est le
cas des Oreophoetes. Il peut aussi y avoir des risques
d'hybridation (stériles), notamment entre les Haaniella.
Enfin, certaines cohabitations sont dangereuses. Par exemple, les
iules risquent de grignoter les oeufs des phasmes ou des mantes,
voire même de les attaquer, surtout s'ils sont faibles ou
handicapés. Les grillons n'hésiteront pas à attaquer et tuer
phasmes et mantes (la nuit), ainsi que les oeufs..
La présence de cétoines très actives constitue un stress pour
les mantes, même si ce n'est pas un problème majeur.
Certaines autres espèces sont très utiles,
comme les collemboles, les lombrics et les cloportes, car ils
décomposent les déjections des autres espèces. Enfin,
certaines cohabitations sont très temporaires. Par esemple, les
grillons adultes avec les jeunes mantes : elles vont consommer
les jeunes grillons au fur et à mesure des naissances.
Quelques exemples de cohabitations
résussies (les nombres concernent les adultes) :
- terrarium de 60 x 40 x 60 : Phasmes Pharnacia
sp (4), Heteropteryx dilatata (2), Epidares nolimetangere (6), Haaniella
dehaani (4), cloporte Porcellio scaber (8),
collemboles, escargot de Quimper (1)
- terrarium de 80 x 40 x 40 : Phasmes Lonchodes
hosei herbertii (6), Phaenopharos khayoanensis
(3), Dares validispinus (8),
Haaniella muelleri (2), cétoine Dicronorrhina
derbyana layardii (4)
- terrarium de 35 x 35 x 60 : Cétoine
Stephanorrhina guttata guttata (4), jeunes
mantes L1-L3 Popa batesii et Hierodula
membranacea (20), grillons Acheta domestica
(6), drosophiles
Les plantes ajoutent un intérêt esthétique
certain au terrarium.
Cependant, les espèces végétariennes n'en
feront qu'une bouchée, surtout les grillons et les iules.
Elles sont surtout intéressantes dans le cas des mantes. Pour
les mantes vertes, elles apportent un camouflage. Des plantes
colorées semblent induire une coloration chez certaines, comme
les mantes-orchidées Hymenopus coronatus. Enfin, des
plantes sêches sont du plus bel effet avec les mantes-feuilles Phyllocrania,
Deroplatys, Blepharopsis. Dans ce cas, il faut
prévoir une litière de feuilles sèches au sol.
III Différents types de terrariums :
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1: Perchoir, pour la mue, la chasse,
et le décor
2: Décor, plante réelle ou artificielle. Sert de
cachette, ou même de nourriture. Les plantes naturelles
augmentent l'humidité du terrarium, car elles
transpirent.
3: Abreuvoir ou gamelle, pour les espèces qui s'en
servent...
4: Aérations. toujours une en bas et une en haut, pour
que l'air circule
5: Substrat |
A partir de ce modèle, on peut effectuer
toutes les variations que l'on souhaite :
Un terraium tropical. Après avoir
servi pendant longtemps à l'élevage des Heteropteryx
et Haaniella, il est maintenant réservé
aux Anolis.
Caractéristiques :
- éclairage par néon UV + lampe chauffante
- ventilation assez importante
- 22°C (nuit) , 27°C (jour), 32°C (point chaud)
- Humidité 75-90%, garantie par la couche de tourbe.
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Le
bocal à cornichons : la version la plus basique du
terrarium à mantes.
Ce type de bocal (20cm de haut) convient parfaitement à
l'élevage de petites mantes comme les Creobroter ou les
"Boxer", mais aussi aux jeunes chenilles L1-L2.
Le substrat qui est au fond est assez accessoire. D'un
coté, il maintient le perchoir en place et l'humidité
reste constante, mais de l'autre les proies vont
s'enterrer (sauf les mouches, bien sûr).
Le tissu peut être remplacé par du tulle, mais dans ce
cas les grillons passeront au travers |
Voici un
échantillonage à peu près complet des bocaux et bacs
que j'utilise pour les mantes.
Les petits flacons (premier plan) sont réservés aux
jeunes mantes que je souhaite conserver séparément.
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Ce
type de terrarium est utilisé pour l'élevage des jeunes
mantes en groupe, pour l'élevage des cétoines adultes,
des jeunes lézards, etc.
L'avantage principal est qu'il peut être chauffé (lampe
à incandescence), et l'espace est suffisant pour un
dizaine de mantes (30 x 30 x 45).Par
exemple, il est possible de suspendre une oothèque de
mante dans ce terrarium. On met en place une culture de
drosophiles (banane écrasée), et lorsque les petits
naissent ils ont immédiatement de quoi s'alimenter. Il
suffit ensuite de trier au fur et à mesure de la
croissance.
|
Les
bacs en plastique habituellement consacrés aux
combattants sont extrèmement utiles pour l'élevage des
mantes adultes de plus grande taille. L'accouplement peut
avoir lieu dans ce type de terrarium, et il sera
relativement facile de décrocher les oothèques ensuite.
Ce type de terrarium est aussi un très bon incubateur
pour les oeufs de phasmes ou de lézards. Enfin, ils
peuvent être utilisés pour l'élevage des grandes
cétoines, cannibales. |
Cependant,
pour ces cétoines, l'idéal reste le bricolage maison,
à partir de pots ou de bouteilles. Ici, les boîtes
d'élevage de Megasoma actaeon.
Il faut simplement pouvoir leur proposer 1 à 2 L de
substrat.
Comme les bocaux, ces boîtes sont très mal aérées, ce
qui est fatal aux coléoptères. Avec des boîtes en
plastique, on peut donc forer une douzaine de trous de
1mm de diamètre dans le quart inférieur du bocal. |
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