Sibylla Pretiosa

sous-famille : Sibyllinae

I Aspect :

Sibylla pretiosa ressemble beaucoup à une Empuse par bien des traits. Et pourtant, ce n'est pas le cas. On trouve dans ce genre 3 caractéristiques physiques principales :

La différence entre les genres Sibylla et Presibylla, seuls membres des Sibyllinae, réside dans la forme de l'abdomen.
En effet, le genre Presibylla (à gauche) présente des excroissances très allongées sur chaque segment de l'abdomen, qui font penser à des brins de lichen.
image du site Planet pets
Détails du thorax et de la tête de Sibylla pretiosa, montrant la tiare et les épines thoraciques.

A droite, la silhouette caractéristique d'une jeune Sibylla

Les Sibylla adultes présentent une grande homogénéité de forme. Sibylla pretiosa se distingue toutefois à la couleur de ses ailes, qui sont d'un bleu turquoise assez sympathique, avec quelques mouchetures noires. On connait aussi en élevage une Sibylla sp, dont les ailes sont vertes.

La couleur des ailes n'apparait que progressivement. En effet, tout de suite après la mue, les ailes sont d'un beige jaunatre, qui va progressivement devenir verdatre puis bleu au bout de 4 ou 5 jours.

Le dimorphisme sexuel est assez peu marqué chez cette espèce : mâle et femelle ont de grandes ailes (dont ils se servent très peu), et leur taille est assez similaire : 5cm pour le male (sans les ailes) et 6,5cm pour la femelle.

II Comportement:

Les Sibylla pretiosa sont des mantes timides. Elles ne s'attaquent qu'à de petites proies. Ainsi, les drosophiles constituent déjà un défi pour les jeunes larves L1 qui viennent de naître. Je n'ai pas encore trouvé quel insecte leur donner. Elles acceptent les petites drosophiles (D. melanogaster), les pucerons verts de petites taille, les grillons naissants (taille L1 uniquement), les mouches de terreau.

Par conséquent, on peut s'attendre à un taux de mortalité assez élevé chez les jeunes.

Au fur et à mesure de la croissance, seules les drosophiles sont acceptées systématiquement. Cependant, les Sibylla pretiosa de taille 4 commencent à s'intéresser aux microgrillons (tailles 1 et 2), aux mouches domestiques et aux mouches vertes (max 6mm), aux jeunes vers de farine ou vers buffalo, et aux asticots. Je conseillerais de fournir des drosophiles comme aliment de base, mais de proposer des insectes au stade larvaire, notamment des microgrillons, pour faciliter la mue des mantes, même si les Sibylla sont moins sensibles aux carences que les grandes mantes, Hierodula par exemple.

Cette espèce n'est pas cannibale dans le sens où elle ne s'attaque qu'à des proies nettement plus petites qu'elle. Ceci dit, un subadulte n'hésitera pas à attaquer un jeune L1 ou L2. Il arrive même que des mantes de taille équivalente s'attaquent entre elles, mais c'est rare. Bien sûr, on ne doit en aucun cas la mélanger avec une autre espèce...

III Reproduction et incubation:

Nous l'avons vu, Sibylla pretiosa est une mante assez "sociable". Lors de l'accouplement, si la femelle ne meurt pas de faim, il ne devrait donc pas y avoir de problème.

A partir du moment où la femelle est féconde, elle continue à accepter des partenaires, mais peut pondre 2 ou 3 oothèques fertiles après un seul accouplement. Une femelle Sibylla pond en général 3 à 5 oothèques.

Sibylla pretiosa pond de petites oothèques, contenant 5 à 25 oeufs environ.

Elles rappellent un peu les oothèques des Empusidae.

Ces oothèques sont pondues le plus souvent sous une feuille, mais aussi parfois sur une branche. Il est cependant préférable de proposer des branches feuillées à la femelle, car 9 oothèques sur 10 sont pondues au revers d'une feuille.

L'incubation se fait en suspendant l'oothèque par un fil dans un bocal ou un bac plastique (à haut moins 5cm du sol), lui même enfermé dans un "incubateur" (voir plus loin).

IV Elevage :

Toute la méthode d'élevage dérive du caractère timide et sociable de cette espèce :

La méthode choisie est la suivante :

Si vous avez des cétoines, par exemple, la cohabitation ne pose pas de problème. Il suffit alors de laisser les drosophiles se nourrir sur les morceaux de fruits. Le tout est de s'assurer qu'il reste toujours une bonne quantité de fruits (en purée humide et légèrement fermentée) au fond de la coupelle, car les larves de drosophiles s'y trouvent. Attention toutefois, il vaut mieux attendre le stade L3, pour que les mantes ne risquent plus de s'engluer dans la purée de fruits.

Pendant que les oothèquent incubent, les drosophiles vont se développer. L'idéal est d'atteindre une population de 200 drosophiles ou plus au moment de l'éclosion des mantes.

Au bout de 10-15 jours, selon la température et la quantité de nourriture disponible, la première mue a lieu. Le cannibalisme commence alors : les L2 considérent les L1, plus faibles, comme des proies. D'un coté, le cannibalisme aide à un bon développement des jeunes en leur fournissant des proies de belle taille, de l'autre vous diminuez (évidemment) votre population. Bien sûr, le cannibalisme n'a lieu que si la population de drosophiles n'est plus suffisante (elles sont tout de même plus faciles à attraper que des congénères).

Il faut pulvériser de l'eau dans le terrarium environ une fois par semaine. Une pulvérisation fine permettra de boire aux mantes. Une pulvérisation plus brutale permettra d'entretenir l'humidité du terreau. En effet, le terreau humide permettra de maintenir une hygrométrie d'environ 70-80%.
Il faut choisir une eau de source en bouteille, qui sera acide, non calcaire et non chlorée (pH 5,5 à 6).

L'ampoule doit être choisie de façon à maintenir une température de 25 à 28°C. En effet, Sibylla pretiosa vit en Afrique du Sud, dans une région subtropicale. Elle peut donc parfaitement résister à des températures de 17°C, mais elle sera moins active. Un équilibre du type 27°C au point chaud, 24°C en bas, et 75% d'hygrométrie semble donner de très bons résultats.

Quelques détails à ne pas oublier :
Les jeunes sont fragiles. Ils ont besoin de boire très rapidement à la naissance, mais se noient dans la moindre goutte d'eau Pour éviter les noyades, on peut se contenter de proposer un morceau de papier-toilette imbibé d'eau dans une soucoupe.

Lorsque les mantes atteignent 20mm, il faut commencer à leur proposer des microgrillons de taille 1 ou 2. Si vous vous en sentez le courage, attraper des mouches domestiques, qui ont l'avantage d'être petites, ne fera pas de mal.

Cette espèce boit beaucoup. Plus le terrarium est sec et chaud, plus il faudra vaporiser souvent ses parois. Cependant, en observant les mantes, on peut définir la fréquence idéale (si la moitié des mantes se met à boire les goutelettes, c'est qu'il était temps...

Il peut être nécessaire d'isoler certains individus, si ils ne parviennent pas se nourrir suffisament.

 

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