Aahh le petit monde fabuleux des bestioles qui volent dans le bureau !!!
Les lépidoptères sont des insectes à métamorphose complète. Ils suivent 4 stades de développement : l'oeuf, la chenille, la chrysalide et l'adulte, ou imago.
Chacun de ces stades présente des
particularités qui vont influer sur la méthode d'élevage. Nous
allons détailler ici l'élevage d'un des papillons les plus
faciles à élever : le Philosamia ricini (=Samia
cynthia ricini). Cependant, j'essaierai de glisser quelques
détails concernant l'élevage des autres papillons.
Cette espèce est une espèce domestique au sens biologique du
terme : elle n'existe pas dans la nature, et a été créée par
l'homme au fil de plusieurs siècles d'élevage. En effet, comme
le Bombyx mori, le Philosamia est un ver à
soie.
Je ne sais pas combien de mues connaît la chenille. Comme dans le cas des cétoines, on reconnaît le stade de la larve au diamètre de son crâne. En tout cas, une chenille grandit vite !
La chenille se nourrit essentiellement de troêne (Ligustrum spp), de ricin (Ricinus communis) et d'ailanthe (Ailanthus altissima). On peut éventuellement utiliser du rhododendron, mais j'ai observé des intoxications fatales, donc il vaut mieux éviter.
Le plus intéressant se passe dans la
chrysalide. En effet, lorsque la chenille mue pour la dernière
fois, elle commence par tisser un cocon de soie en s'enfermant
dedans. Elle change alors de forme, et devient une chrysalide. A
l'intérieur de son corps, c'est le chaos : tous les organes de
la chenille disparaissent et forment une sorte de purée de
cellules.
La métamorphose, c'est le réarrangement de ces cellules pour
former de nouveaux organes, comme la trompe, les organes sexuels,
et bien sûr les ailes !
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III Reproduction et incubation:
Bien, nous avons donc une madame papillon et un
monsieur papillon. Il faut maintenant qu'ils se rencontrent. Les
papillons de nuit, par définition, n'ont pas grand chose à
faire de la vue : la nuit, ça ne marche pas.
C'est par l'odorat que la femmelle attire le mâle. Dans l'espace
clos d'une volière, ils ne risquent pas de se rater : ils
peuvent se retrouver à 900m de distance !
Un détail intéressant rapproche les papillons des mantes : lorsque la femelle s'accouple, les oeufs sont déjà prêts à être pondus, ou presque. Il est fréquent qu'elle commence à pondre quelques heures après avoir été fécondée.
Les Philosamia pondent génralement
leurs oeufs en grappes plates de 30 à 60 oeufs, souvent sur le
cocon lui même. Les oeufs sont ovoides, aplatis, et ont une
petite dépression sur un des cotés.
Dans le cas des Rotschildia, un autre ver à soie, plus
grand et plus coloré, la femelle pond des petites de grappes de
2 à 8 oeufs, un peu partout dans la volière. Dans le cas des Actias,
le "papillon lune", la femelle pond ses oeufs sur
l'écorce des plantes nourricières.
L'incubation est rapide, entre 6 et 20 jours en moyenne, selon l'espèce et la température.
4.1. Elevage des chenilles |
Vous avez maintenant des oeufs collés sur la toile de la volière. Dans un premier temps, récupérez les. Le plus efficace est de gratter très doucement avec un grosse cuillère, du haut vers le bas, en tendant la toile. Les oeufs se détachent et tombent dans l'incubateur.
L'incubateur est ici très basique : il s'agit d'une simple boîte en plastique, ventilée (trous inférieurs à 0,5mm !) et transparente. J'utilise des boîtes à grillons. L'incubateur est placé n'importe où, entre 20 et 25°C. L'hygrométrie importe peu ou pas, tant que la boîte est bien ventilée.
Lorque l'éclosion est proche, l'oeuf change de
couleur : dans le cas de Philosamia, il passe d'un blanc
jaunâtre à gris sombre. Il faut alors mettre la nourriture dans
l'incubateur. Dans le cas de Philosamia ricini, le plus
simple est d'utiliser du troêne. C'est aussi le cas de Rotschildia.
Par contre, les Actias consomment un grand nombre de
feuillus caducs, comme le saule, le hêtre, le bouleau, mais
surtout le noyer et le plaqueminier (Diospyros).
Il semble que, pour une raison ou l'autre, l'apparition de
nourriture entraîne l'éclosion rapide des oeufs.
Les chenilles sont minuscules à la naissance : 4 x 1mm Elles sont vert sombre, avec des poils noirs. Elles sont grégaires, et montrent déjà un bel appétit. Il est préférable de les élever dans des petites boîtes ou des bocaux, en veillant à ce qu'elles ne s'échappent pas. Elles deviennent rapidement jaunes (et de moins en moins grégaires), puis blanches. A ce stade, elles sont horriblement gloutonnes !
Elles seront transférées dans le bac d'élevage (30 x 20 x 20 cm ou plus) dès qu'elle atteignent 1cm. Mettre une couche de 1,5 cm de tourbe ou de terreau, pour l'humidité. Le troêne est disposé dans la cage, puis pulvérisé d'eau pour que les chenilles s'abreuvent. On peut le mettre dans l'eau (attention aux noyades), mais en général les branches ne durent pas plus d'une ou deux journées, et le troêne résiste suffisament longtemps en le plantant dans le terreau, si l'humidité est suffisante.
Elles continuent à grandir jusqu'à ce qu'elles atteignent 7 cm. A ce moment là, elles gonflent et commencent à tisser leur cocon.
4.2. Les chrysalides |
Le cocon doit être laissé au moins deux jours dans le bac d'élevage, pour que la chrysalide se solidifie. On suspend alors les cocons dans la volière. Personellement, j'enfile un brin de laine dans le pédoncule qui attache le cocon à son support, ou dans un repli de soie, puis je noue ce brin sur une ficelle horizontale tendue dans la volière.
Il faut alors veiller à maintenir une humidité suffisante, entre 65 et 75% environ.
Dans le cas de Philosamia ricini, il n'y a pas de diapause. Ceci signifie que la chrysalide n'entre pas en repos pour l'hiver, ce qui permet d'obtenir jusqu'à 4 générations par an. Pour les papillons présentant une diapause, comme dans le cas d'Actias luna, on placera les cocons dans une boîte ventilée, avec du papier humide, dans le bac à légumes du réfrigérateur.
4.2. Elevage des adultes |
Les adultes ne s'alimentent pas. La femelle vit
environ 10 jours, et le mâle 6 jours. Ils sont très difficile
à distinguer. En théorie, les ailes supérieures du mâle sont
un peu plus en forme de faux que celles de la femelle. En
pratique, celui qui ne pond pas est un mâle...